Se réveiller la nuit avec la bouche pâteuse, la langue qui colle au palais et une soif tenace n’a rien d’exceptionnel. La bouche très sèche en dormant peut perturber l’endormissement, provoquer des micro-réveils et ternir vos matinées. Bonne nouvelle, elle a des causes identifiables et des solutions concrètes. Voici comment comprendre le problème, l’apaiser et retrouver un vrai confort nocturne.
💡 À retenir
- Environ 10% de la population souffre de sécheresse buccale
- Les médicaments sont une cause fréquente de xérostomie
- Des études montrent que la bouche sèche peut affecter la qualité du sommeil
Qu’est-ce que la bouche très sèche en dormant ?
La salive lubrifie, protège les dents et aide à avaler. La nuit, sa production diminue naturellement, mais chez certaines personnes elle devient insuffisante, donnant cette sensation d’aspérité et de brûlure. La bouche très sèche en dormant n’est pas un simple inconfort, elle peut entraîner des réveils répétés, une haleine forte au lever et un risque accru de caries.
On parle souvent de xérostomie, c’est-à-dire une sensation de bouche sèche qui peut exister même si la production salivaire est encore mesurable. Environ 10% de la population s’en plaint régulièrement. Des travaux cliniques montrent aussi que la sécheresse buccale fragmente le sommeil, avec plus d’éveils et une baisse de la qualité perçue au matin.
Définition et symptômes
La xérostomie est la perception d’une sécheresse orale, à distinguer de l’hyposialie qui correspond à une baisse objective du débit salivaire. Les deux peuvent coexister. La nuit accentue le problème car la salive chute en phase de sommeil, surtout si l’on respire par la bouche.
- Sensation de bouche collante, langue sèche, lèvres gercées
- Soif nocturne, besoin de garder de l’eau à portée
- Difficultés à avaler, voix rauque au réveil
- Brûlures de la langue, goût métallique, mauvaise haleine
- Tendance aux aphtes, caries et plaques dentaires récurrentes
Causes de la bouche très sèche la nuit
Les médicaments sont souvent en première ligne. Beaucoup ont un effet anticholinergique, ce qui réduit la sécrétion salivaire. C’est le cas de certains antidépresseurs, antihistaminiques, antispasmodiques, antiparkinsoniens, antinauséeux, opioïdes, mais aussi des diurétiques et d’anti-hypertenseurs. Une prise vespérale peut majorer la sécheresse au cœur de la nuit.
D’autres causes existent. La respiration buccale liée à une congestion nasale ou à une déviation de cloison assèche rapidement les muqueuses. L’apnée obstructive du sommeil et le ronflement favorisent l’ouverture de la bouche. Le traitement par CPAP non humidifiée peut également dessécher. Côté santé générale, le diabète mal équilibré, le syndrome de Sjögren, les maladies thyroïdiennes, la ménopause et la déshydratation jouent un rôle. L’alcool, la caféine tardive, le tabac et l’air trop sec de la chambre aggravent encore.
Plus rarement, des troubles gastro-œsophagiens, une radiothérapie de la sphère ORL ou des carences nutritionnelles peuvent être impliqués. Un environnement chauffé sans humidification, surtout en hiver, est un facteur simple mais fréquent.
Facteurs de risque
- Polymédication et traitements à effet anticholinergique cumulé
- Ronflement, apnée ou respiration par la bouche pendant le sommeil
- Allergies, rhinite chronique, sinusite ou obstruction nasale
- Âge avancé, ménopause, diabète, maladies auto-immunes
- Consommation d’alcool le soir, caféine tardive, tabagisme
Solutions pour soulager la sécheresse buccale

On agit sur quatre leviers complémentaires: hydrater, humidifier l’air, stimuler la salivation et protéger les muqueuses. Cette approche graduée soulage la bouche très sèche en dormant et limite les réveils nocturnes. Commencez par les gestes simples, puis ajoutez des produits ciblés si nécessaire.
Le nez doit rester dégagé pour favoriser la respiration nasale. Un rinçage salin en fin de journée aide à réduire la congestion. En cas de CPAP, réglez l’humidification et vérifiez l’ajustement du masque. Si vous transpirez beaucoup le soir ou faites du sport, pensez à rééquilibrer eau et électrolytes avant le coucher.
Remèdes maison
- Hydratation régulière dans la journée, puis quelques gorgées d’eau 1 à 2 heures avant de dormir. Gardez une petite gourde à portée la nuit.
- Stimulez la salive avec un chewing-gum ou des pastilles sans sucre, idéalement au xylitol, après le brossage du soir.
- Rinçage doux au bicarbonate: 1/2 cuillère à café dans 250 ml d’eau pour neutraliser l’acidité et apaiser les muqueuses.
- Rinçage nasal avec solution saline isotonique en fin de journée pour libérer la respiration nasale.
- Inhalation tiède 5 à 10 minutes avant le coucher pour humidifier les voies aériennes supérieures.
Produits recommandés
- Substituts salivaires en spray ou gel (carboxyméthylcellulose, hydroxyéthylcellulose) pour tapisser la muqueuse avant le coucher.
- Gels et pastilles au xylitol, ou à base d’acide malique, pour stimuler la salivation sans sucre.
- Bains de bouche sans alcool, avec fluor 0,05%, pour protéger l’émail et limiter la plaque.
- Humidificateur de chambre réglé autour de 40 à 50% d’humidité relative, surtout en période de chauffage.
- Pour CPAP: humidificateur chauffant et réglage de la température du tuyau afin de réduire l’assèchement.
- Médicaments sialagogues sur prescription (ex. pilocarpine) dans certains cas de hyposialie avérée.
Prévention de la bouche sèche en dormant
Une routine du soir adaptée et un environnement maîtrisé font une vraie différence. La bouche très sèche en dormant régresse souvent quand l’air de la pièce est correctement humidifié, que l’on respire par le nez et que l’on évite les boissons asséchantes en soirée.
Côté hydratation, visez des apports réguliers dans la journée jusqu’à ce que l’urine soit claire à jaune pâle. Limitez l’alcool et la caféine après 16h. Préférez un dîner léger, non épicé et peu salé. Introduisez des aliments riches en eau comme les soupes, les compotes peu sucrées ou des légumes cuits le soir. En cas de reflux, surélevez légèrement la tête du lit et évitez les repas tardifs.
Pour encourager la respiration nasale, traitez les allergies, apprenez des exercices myofonctionnels simples et utilisez des bandelettes nasales si besoin. Le “mouth taping” ne convient pas à tout le monde et ne doit pas être tenté en cas de suspicion d’apnées du sommeil ou de congestion importante. Un brossage doux au fluor et un nettoyage interdentaire avant de dormir protègent dents et gencives, souvent fragilisées par la sécheresse.
- Maintenez 40 à 50% d’humidité dans la chambre et une température autour de 18 à 19°C.
- Espacer le dernier grand verre d’eau de 60 à 90 minutes pour limiter les levers nocturnes tout en gardant une gourde à proximité.
- Évitez les bains de bouche alcoolisés et les dentifrices très mentholés si vous êtes sensible.
- Planifiez la prise des médicaments asséchants le plus tôt possible dans la journée, après avis médical.
Quand consulter un professionnel
Demandez un avis si la sécheresse dure plus de deux à trois semaines, si vous avez des caries récentes, une langue brûlante, des difficultés à avaler, des glandes sensibles ou un changement de goût. Faites-vous évaluer si l’entourage note des pauses respiratoires, un ronflement sonore ou si une somnolence diurne persiste. Chez les porteurs de CPAP, une bouche très sèche en dormant malgré l’humidification nécessite un réglage ou un masque mieux adapté.
Une consultation permet d’examiner la bouche, de revoir les traitements susceptibles d’assécher, d’évaluer l’hydratation et de dépister un trouble respiratoire du sommeil. Des analyses peuvent rechercher un diabète ou une cause auto-immune. Le dentiste contribue à prévenir les caries et à renforcer l’émail, tandis que le médecin ajuste les médicaments et propose, si nécessaire, des sialagogues.