CANCER DE LA PROSTATE
La prostate est une glande qui a la forme et la taille d'une châtaigne. Elle est située en avant du rectum, sous la vessie, autour du col de la vessie et de la partie initiale de l'urètre. Elle est contenue dans une capsule qui l'isole quelque peu des autres organes voisins. La prostate reçoit les 2 canaux éjaculateurs qui transportent les spermatozoïdes depuis les testicules, et les 2 vésicules séminales, organes de stockage et de maturation du sperme. |
La prostate produit le liquide séminal qui constitue 95 % du sperme. Elle est sous la dépendance de la testostérone, secrétée essentiellement par les testicules et en petite partie par les glandes surrénales. |
QUESTIONS / RÉPONSES
LES DIFFÉRENTS TRAITEMENTS
La chirurgie : La prostatectomie totale
Cette intervention chirurgicale s’adresse principalement aux patients porteurs d’un cancer de prostate localisé (et parfois localement avancé, en association avec des traitements complémentaires). Elle consiste à retirer la totalité de la prostate et les vésicules séminales. Selon les cas, les ganglions lymphatiques peuvent être retirés pour un examen anatomopathologique. L’intervention dure environ 1h30 à 2h. |
Elle est réalisée sous anesthésie générale, soit par voie abdominale ouverte (ou rétropubienne), soit par voie coelioscopique (le choix entre les 2 voies d’abord dépend des habitudes du chirurgien, aucune n’ayant fait la preuve de sa supériorité). L’hospitalisation varie de 7 à 10 jours en général. |
Après l’intervention, l’incontinence urinaire est fréquente les premières semaines (40 à 50 % des cas). Un mois après l’intervention, l’urologue fait le point avec vous sur votre capacité à retenir les urines et décide de l’opportunité d’une rééducation mictionnelle (débutée dans certains cas avant l’intervention). 5 à 10 % des patients conserveront un certain degré d’incontinence au long cours, des traitements sont actuellement possibles (bandelette sous urétrale, sphincter artificiel, …) L’impuissance sexuelle fait suite à la prostatectomie dans 60 à 80 % des cas. Les érections réapparaissent souvent si les nerfs érectiles ont pu être conservés lors de l’intervention, mais cette récupération peut être lente et nécessite un traitement à débuter de façon optimale dans les 3 mois suivant la prostatectomie. |
Un rendez-vous de contrôle est habituellement programmé avec l’urologue dans les semaines qui suivent l’intervention. Le chirurgien aura alors reçu les résultats de l’analyse des prélèvements réalisés, seule cette analyse permet de savoir si la tumeur a été complètement enlevée. Un mois à 6 semaines après la prostatectomie, le PSA doit être indétectable (ou ne pas dépasser 0,1 ng/ml). Toute nouvelle augmentation du PSA doit être considérée comme une récidive, même tardivement. La surveillance du PSA est habituellement semestrielle |
La Radiothérapie
La radiothérapie est une méthode non chirurgicale de traitement des tumeurs, utilisant des rayons X de haute énergie, issus d’un accélérateur de particules. Le rayonnement est transmis à travers la peau, depuis une source exterieure (d’où le terme de radiothérapie externe). La radiothérapie est actuellement conformationnelle c’est-à-dire qu’elle se conforme le plus précisément possible à la zone à irradier. Elle est proposée dans les cancers localisés à la prostate (en alternative à la prostatectomie, en particulier après 70 ans), comme traitement complémentaire après la prostatectomie en cas de tumeur localement avancée (radiothérapie adjuvante), comme traitement principal (en association avec l’hormonothérapie) d’un cancer localement avancé. La radiothérapie ne peut pas être utilisée s’il y a déjà eu une irradiation du petit bassin pour une autre raison. Les séances de traitement se déroulent dans un service de radiothérapie. Une première séance de repérage, à l’aide d’un scanner permet de mettre en place les différents faisceaux d’irradiation (le but est de traiter l’ensemble de la prostate en protégeant au maximum les organes voisins). Il faut ensuite 5 séances par semaine pendant 7 à 8 semaines pour délivrer la dose de rayonnement habituellement recommandée pour traiter le cancer de la prostate (72 à 80 Grays). Chaque séance dure 15 à 30 minutes, les rayonnements sont indolores. Dans les cancers localement avancés, un traitement hormonal est souvent associé à la radiothérapie pendant une durée variable (6 mois à 3 ans). Les effets secondaires de la radiothérapie sont principalement liés à l’irradiation partielle des organes de voisinage (intestin et vessie). Ces effets peuvent diminuer rapidement ou perdurer en tant que séquelles : • La rectite est une inflammation du rectum • La cystite radique est une inflammation de la vessie |
L’impuissance est fréquente après radiothérapie (jusqu’à 70 % des cas) et peut survenir dans les 2 ans qui suivent la radiothérapie. |
La Curiethérapie
La curiethérapie consiste à implanter dans la prostate des grains métalliques radioactifs (Iode 125) qui délivrent localement une dose de radiation. Les grains implantés restent en place toute la vie du patient mais la radioactivité disparait totalement en 6 mois. Ce traitement est réservé au traitement de petites tumeurs bien différenciées et peu agressives, avec une prostate de petit volume sans signes de gêne urinaire associés. Les grains radioactifs sont implantés au bloc opératoire, dans un service agréé, sous anesthésie générale ou locorégionale, à travers le périnée, sous contrôle d’une sonde d’échographie introduite dans le rectum. L’implantation dure environ 1h30. L’hospitalisation est d’environ 3 jours. |
La curiethérapie peut être responsable d’effets radiques sur la vessie et le rectum. Elle peut aussi s’accompagner de complications spécifiques ; Hématurie, Hématome périnéal, Rétention urinaire. |
Le traitement par Ultrasons focalisés de haute intensité (HiFU)
Le traitement par Ultrasons focalisés de haute intensité (HiFU) consiste à diriger un faisceau d’ultrasons sur la prostate pour détruire les cellules cancéreuses qui seront éliminées par les voies naturelles.
Le traitement dure environ 2 H, sous anesthésie générale. Une sonde est placée dans le rectum, au contact de la prostate. Les ultrasons sont délivrés sur la prostate sous contrôle échographique et informatique. Une sonde urinaire est laissée en place pendant 2 à 3 jours.
Ce traitement est actuellement proposé :
• Chez les patients de plus de 70 ans avec une tumeur
localisée, une prostate de petit volume et une
contre-indication à la prostatectomie.
• Chez les patients présentant une récidive locale
après radiothérapie.
• Chez les patients présentant une récidive locale
après un premier traitement par HiFU.
Il s’agit d’une technique nouvelle et récente qui ne remplace pas, pour le moment les traitements chirurgicaux ou radiothérapiques.
La cryothérapie
La cryothérapie est un traitement par le froid. Déjà utilisé il y a plus de 40 ans et remis au goût du jour grâce au développement des outils informatiques. Il s’agit d’un traitement encore en évaluation dans certains centres de recherche.
Cette technique détruit les cellules cancéreuses par congélation brutale et répétée de la prostate à l'aide d'une sonde refroidissante (azote liquide) introduite sous anesthésie dans la prostate.
L’hormonothérapie
L’hormonothérapie consiste à s’opposer à l'action des hormones mâles (androgènes) qui stimulent la prostate. Ainsi, la diminution du taux de testostérone, principale hormone masculine, bloque la prolifération des cellules cancéreuses et diminue le volume de la prostate.
Utilisée seule, l’hormonothérapie est un traitement très efficace mais palliatif : il bloque la prolifération du cancer sans le guérir.
Le traitement hormonal est donc utilisé dans le cancer de prostate métastatique. Il est parfois utilisé de façon temporaire en association avec un traitement local en cas de cancer localement avancé. Enfin il peut être utilisé dans certains cas de récidive après traitement local.
Différents types de médicaments peuvent être utilisés :
• Analogues de la LH-RH : ils bloquent la libération de LH et donc la production de testostérone par les testicules. Ils réalisent donc une castration chimique. Ils sont administrés en injections mensuelles, trimestrielles ou semestrielles.
• Anti-androgènes : ils bloquent l'action de la testostérone au niveau des organes cibles, en particulier la prostate. Les anti-androgènes sont souvent utilisés en combinaison avec la castration chirurgicale ou la prescription d'analogues de la LH-RH . Ils sont prescrits en comprimés.
• Les oestrogènes : ils sont utilisés en seconde intention.
La castration chirurgicale est une intervention chirurgicale qui consiste à faire une incision au niveau des bourses et à enlever la partie des testicules qui sécrète la testostérone (pulpectomie). Cette intervention est peu pratiquée actuellement car les médicaments permettent une castration "médicale".
Les principaux effets secondaires du traitement hormonal sont liés à la carence en hormones mâles : baisse de la libido, impuissance, perte des pilosités, bouffées de chaleur, troubles de l’humeur, ostéoporose. Les anti-androgènes sont fréquemment responsables de gynécomasties et de mastodynies.
L’hormonothérapie justifie une surveillance régulière du PSA (témoin de l’efficacité du traitement) et éventuellement de la testostérone sanguine. Le PSA doit devenir le plus bas possible.
L’échappement hormonal est inéluctable. Il se définit comme la perte de la sensibilité aux hormones du tissu prostatique et se manifeste par une remontée progressive du PSA. Lorsqu’il survient, un changement de stratégie thérapeutique est proposé (chimiothérapie, protocole thérapeutique,…)
La chimiothérapie
La chimiothérapie est utilisée dans le cancer de la prostate quand celui-ci a évolué avec une extension extraprostatique et qu'il ne répond plus au traitement hormonal. La chimiothérapie diminue la croissance tumorale et peut diminuer les douleurs liées au cancer.
Les produits habituellement proposés (taxanes) sont administrés toutes les 3 semaines en hospitalisation de jour. Le plan de traitement de départ prévoit 3 à 6 séances avant une réévaluation de la réponse au traitement. Le traitement hormonal est habituellement maintenu.